Fronde chez les sénateurs proches de Raffarin

Publié le 2 Octobre 2008

Une véritable fronde a éclaté jeudi 2 octobre au sein du groupe UMP au Sénat pour l'attribution des postes au bureau de la Haute Assemblée, a-t-on appris de sources parlementaires UMP.
Une vingtaine de sénateurs proches de Jean-Pierre Raffarin ont même menacé de faire scission si leur sensibilité n'était pas suffisamment représentée avant d'obtenir satisfaction lors d'une réunion de groupe jeudi après-midi.

"Souhaits d'équilibre politique"

"Nous avions des souhaits d'équilibre politique après la primaire de l'UMP, afin que la représentativité du courant qui s'est dégagé derrière Jean-Pierre Raffarin se traduise dans l'affichage donné au futur bureau du Sénat", a expliqué à l'AFP le sénateur de Haute-Savoie Jean-Claude Carle.
"Il n'était pas normal que le questeur sortant René Garrec (Calvados) ne conserve pas son poste", a-t-il indiqué. "Nous aurions pu faire un groupe (dissident) comportant entre 20 et 30 sénateurs", a-t-il ajouté.

"Un accord a été trouvé"

"23 sénateurs de l'UMP ont menacé mercredi matin de faire un autre groupe", a confirmé à l'AFP un sénateur de la majorité.
Finalement "un accord a été trouvé" et "tout a été pris en compte", a-t-on indiqué dans l'entourage du président du groupe Henri de Raincourt. L'UMP présentera la candidature à la questure du sortant René Garrec (proche de Raffarin) et du sénateur du Bas-Rhin Philippe Richert (sensibilité centriste de l'UMP).

"Quel était le plan B: Création d'un nouveau parti"

Ce matin vers 9 heure 30, c’est au Sofitel Saint-Jacques de Paris, que l’ancien Premier Ministre Jean-Pierre Raffarin a lancé la nouvelle. Un nouvelle qui va bouleverser le paysage politique français.

Entouré des anciens ministres Pierre Méhaignerie, vice-président de l’UMP comme lui et président de la Commission des affaires économiques à l’Assemblée Nationale, et de
François Goulard, député-maire de Vannes, Jean-Pierre Raffarin a annoncé la création d’un nouveau parti, l’Union des Démocrates Populaires (UDP).


La conférence de presse de Jean-Pierre Raffarin

Fort du soutien de plusieurs dizaines de députés et de sénateurs, Jean-Pierre Raffarin a expliqué qu’il était difficile, pour de nombreux parlementaires de la majorité, de travailler au sein de l’UMP entièrement vouée à la promotion exclusive du Président Nicolas Sarkozy.

Jean-Pierre Raffarin a lu devant la presse la chartre commune de l’UDP qui aura vocation à servir de point de départ pour un congrès fondateur prévu à l’automne 2008.

D’une part, l’UDP se défend d’être dans l’opposition, mais revendique le pluralisme de la majorité présidentielle.

Confirmant donc clairement son soutien au gouvernement de François Fillon, l’UDP réaffirme une loyauté sans faille à Nicolas Sarkozy mais avec l’autonomie d’action demandée par de nombreux parlementaires.

Cette loyauté sera aussi pleinement en action lors des prochaines échéances électorales avec une alliance dès le premier tour avec l’UMP sauf dans les cas où une primaire n’engagerait aucun risque à la majorité présidentielle. L’UDP souhaite notamment des listes communes aux européennes et aux régionales qui auront lieu en 2009 et 2010.

D’autre part, surfant sur l’impopularité de Nicolas Sarkozy, Jean-Pierre Raffarin a justifié ce départ de l’UMP par de nouvelles circonstances, très différentes du contexte d’avril 2002 qui avaient vu Jean-Marie Le Pen accéder au second tour de l’élection présidentielle.

« Désormais, le Front National est en mort clinique, et un visage multiforme de la majorité présidentielle n’est plus un danger électoral pour la démocratie » a expliqué l’ancien Premier Ministre qui a également ajouté que « le MoDem n’est plus non plus une menace pour la majorité » après les nombreuses défaites (Paris, Lyon, Marseille, Pau…) que le parti de François Bayrou a subies aux municipales de mars 2008.

Soutenu officiellement par l’ancien Président du Sénat René Monory, ce nouveau parti a pour ambition de replacer les réformes présidentielles dans un cadre plus social.

Cependant, Jean-Pierre Raffarin a insisté sur deux points : qu’il ne s’agissait pas de ressusciter l’archaïque clivage UDF-RPR des années 1980-1990, étant donné que son initiative était aussi soutenue par d’anciens RPR, ni de maintenir un clivage entre juppéistes ou villepinistes contre sarkozystes, également anachronique depuis l’élection de Nicolas Sarkozy.

Jean-Pierre Raffarin a d’ailleurs confirmé avoir reçu un mot d’encouragement de la part de l’ancien Président de la République Jacques Chirac ainsi que de ses anciens Premiers Ministres Alain Juppé et Dominique de Villepin, même si ces deux derniers n’ont aucune prétention à reprendre une action nationale.

 

En effet, Dominique de Villepin, qui reste encore mis en examen dans l’affaire Clearstream, a clairement laissé entendre qu’il ne souhaitait pas « rentrer dans la politique politicienne » mais qu’il avait « mal pour son pays » et Alain Juppé, dont la confortable réélection à Bordeaux dès le premier tour, a indiqué qu’il resterait « exclusivement au service des Bordelais » même s’il était « un observateur éclairé de la vie politique nationale ».

Provisoirement, Jean-Pierre Raffarin devient donc le président de cette nouvelle structure, Pierre Méhaignerie son secrétaire général et François Goulard, qui avait depuis plusieurs semaines travaillé en ce sens, devrait prendre la présidence du nouveau groupe UDP à l’Assemblée Nationale. Raffarin a également annoncé qu’il ne présiderait pas l’UDP après son congrès fondateur.

Remeciement au blog de Rakotoarison pour ce moment de détente!: "Bravo pour le plan B"
http://rakotoarison.over-blog.com/article-18329404.html

Rédigé par Joris

Publié dans #Politique

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